Motifs géométriques
Un motif géométrique simple est le support de l’œuvre, en principe toujours le même, mais son apparence peu être modifié, amplifié, déformé, tronqué, martyrisé, dégradé, dans le seul but d’augmenter l’impression que dégage le tableau. Le peu d’informations données permet une vision individuelle et une appropriation de l’oeuvre
Agrandissement : de quoi l’image est-elle l’image ?
Telle est la question que pose ce triptyque de Mercier Gallay qui s’inscrit dans la série « Ré-évolution mondiale » .
Par ce procédé d’augmentation de la taille d’une image, pour en clarifier la lecture, en grossir les détails, en isoler des plans, il met en scène de manière dynamique, une vision simultanée de trois tableaux d’un même motif géométrique coloré, le carré découpé en triangles rectangles, qui servent d’élément de surface à la couleur. Il utilise les trois couleurs primaires, le bleu, le jaune et le rouge travaillées par un jeu de nuances qu’il répètent en un enchaînement, à trois échelles différentes: 1 / ½ ¼ .
De cette combinaison des nuances et de l’extension du motif jusque sur le cadre, il nous embarque dans le prolongement infini de l’idée pythagoricienne des propriétés du carré, dans lequel, à l’infini microscopique ou macroscopique un carré composé de triangles s’inscrit dans un autre par rotation produisant une surface double ou moitié de la précédente entraînant des effets de couleurs chaudes ou froides, mates ou transparentes qui absorbent ou renvoient la lumière.
Cet effet de taille crée des effets de matière ; plus le motif s’agrandit, plus il renvoie une image unique, mate qui concentre les nuances foncées de bleus et de rouges , plus il s’inscrit dans le plan central auquel on se heurte comme dans un mur. Plus le motif se rétrécit, plus sa dé- multiplication introduit des bandes de nuances de couleurs dégradées comme un motif de nappe ou de papier-peint dans le second tableau. Enfin dans le troisième volet de ce triptyque, la réduction au quart du motif initial transforme le tableau en vitrail: il est éclairé de l’intérieur. Un rythme et une vibration des couleurs saisissent nos sens. Nous passons du plan au prisme, en déplaçant notre regard de droite à gauche, dans le sens inverse de la réalisation de son oeuvre par l’artiste. Dans la durée de la contemplation , l’oeil laisse la place au regard, nous ne sommes plus devant une image abstraite, nous expérimentons concrètement le chemin de notre esprit qui s’éclaire.
La peinture s’expose-là comme art de la lumière.
Jacqueline BESLOT DAL MORO